Économique
Retour26 juin 2018
Ils transforment une parcelle de terre en verger de camerises
©Photo Nathalie Vigneault - Hebdo Rive Nord
Pascal Goulet et Maryse Turgeon s’attendent à une autre belle récolte de camerises dans leur verger cette année.
Deux professionnels oeuvrant en services sociaux, parents de deux enfants et résidents de L'Assomption se sont lancés dans la culture de camerise, un fruit méconnu, aux vertus nutritives fort intéressantes. Ils souhaitent en faire profiter la communauté assomptionniste.
En 2012, Maryse Turgeon et son conjoint Pascal Goulet ont saisi une opportunité qui n'allait peut-être pas se reproduire: celle de récupérer une portion de terre appartenant à la famille Turgeon et d'en faire un projet agricole.
©gracieuseté - Hebdo Rive Nord
«L'idée de travailler la terre nous séduisait beaucoup, mais nous ne souhaitions pas poursuivre la même chose qui était faite ici sur les terres. Alors nous avons cherché un projet qui convenait à notre style de vie et à nos valeurs», explique Maryse Turgeon, fille d'agriculteur et ex-conseillère municipale.
«On s'est dit que tant qu'à cultiver quelque chose, autant faire un produit à valeur ajouté et que l'on ne trouve pas partout», ajoute Pascal Goulet. Ils se sont alors intéressés à la camerise, un petit fruit dont le plant est résistant aux températures froides et aux maladies. Plus les recherches avançaient, plus cela tombait sous le sens pour eux.
La camerise est savoureuse, à mi-chemin entre le bleuet, la framboise et la prune. «Tout ce que l'on fait à partir de fruits des champs peut être fait avec la camerise, mais la manger fraîche est la meilleure façon de profiter de tous ses nutriments, dont les antioxydants, qui sont présents en plus grande quantité que plusieurs autres petits fruits», explique M. Goulet.
La naissance d’un verger
C’est ainsi qu’à l’été 2015, en pleine canicule, sur une portion de terre louée d'environ neuf hectares, le couple a planté, avec famille et amis, pas moins de 4200 camérisiers, répartis sur une douzaine de rangs. Ils avaient, l’année d’avant, retravaillé le sol qui servait traditionnellement à la culture du maïs et du soya.
« Il faisait très chaud quand on a planté. Rendus à l’automne, les plants sont devenus tout bruns et secs. On a eu peur de tout perdre», raconte Mme Turgeon.
Ils avaient pourtant mis toutes les chances de leur côté afin de limiter les pertes: plantation à la main, ajout de mycorhizes pour aider la formation des racines, arrosage manuel… Puis, ils ont retenu leur souffle et croisé leurs doigts.
« On a eu le grand bonheur de constater que les plants reprenaient vie au printemps suivant. Nous avons perdu sept petits plants au total », raconte M. Goulet.
Culture émergente
Les connaissances sur la culture de la camerise au Québec, qui n’existerait que depuis 2007, continuent d’évoluer. « Compte tenu du peu de données disponibles sur la camerise, il y a beaucoup d'entraide entre les producteurs alors il y a un partage intéressant des essais et erreurs que chacun fait », souligne M. Goulet.
En ayant obtenu leur permis de producteur agricole, ils ont accès aux agronomes du ministère de l’Agriculture (MAPAQ), ainsi que de la Coopérative Cultur'innov (spécialisée dans les cultures émergentes). Il fallait d’abord démontrer le sérieux et la rentabilité du projet, soit des revenus minimums de 5000$ par année.
Du côté de l’aide financière, le couple a obtenu une subvention de 10 000$ sur deux ans de la financière agricole pour le démarrage. « Tous les contrats devant notaire [bail de location, garanties financières pour l’obtention d’un prêt, etc.], ont finalement totalisé plus de la moitié de la subvention au démarrage! ».
Projet écologique et social
La toute première production a finalement offert des fruits…que les jaseurs ont raflés. L’année suivante, soit l’été dernier, l’installation de filets anti-volatils a permis de protéger la récolte qui s’est avérée inespérée. « On avait tant de fruits, qu’il a fallu déployer notre « machine marketing » pour développer des points de vente et inviter les gens à venir en cueillir, car nous n’y arrivions pas. On s’est vraiment fait surprendre », raconte M. Goulet.
Si la tendance se maintient, car il faut aussi surveiller d’autres petits envahisseurs potentiels, telles certaines chenilles, le couple pourra développer d’autres projets en lien avec la camerise, dont la transformation, en plus de l’accueil de groupes communautaires pour la cueillette, par exemple. « Nous souhaitons que la communauté de L’Assomption profite de ce projet, que ce soit sur le plan économique ou encore social », fait valoir M. Goulet.
Enfin, précisons que Camerise et compagnie n’emploie aucun pesticide ni herbicide. Les mauvaises herbes sont arrachées à la main. « De plus, nous favorisons l’habitat des pollinisateurs naturels qui nous sont si utiles, dont l’abeille sauvage et le bourdon ».
Pour être au courant du début de l’autocueillette, on consulte la page Facebook : www.facebook.com/cameriseetcompagnie
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