Postée autour du plan de travail de la cuisine de l’école de Repentigny, la quinzaine d’élèves présents à la journée de production du 21 mars s’affaire consciencieusement à concocter le plat du jour. Concentrés, ils exécutent avec beaucoup de sérieux les tâches qui leur sont confiées. Ils sont les seuls élèves vivant avec un handicap à participer à ce projet communautaire qui rassemble plus de 700 participants au Québec, majoritairement issus de classes en cuisine et en hôtellerie. Ils n’ont malgré tout rien à envier aux autres participants. Lorsqu’ils arrivent en cuisine, ils sont intéressés et gèrent la pression avec brio. « La reconnaissance des gens les connecte à leur mission. Ils sont tellement fiers de donner aux autres », observe l’enseignante Caroline Déry. C’est d’ailleurs cette constatation, à la suite de leur première participation aux Cuisines Solidaires en 2020, qui lui a donné l’idée de lancer le groupe des Croque Touski. Une belle manière de favoriser l’intégration sociale, tout en développant de nouvelles compétences.  

Transformation alimentaire

Ainsi, depuis 2021, les élèves participants reçoivent les dons de Moisson Lanaudière tout au long de l’année et transforment les aliments pour ensuite les redonner aux étudiants dans le besoin de la formation générale aux adultes du Centre la Croisée ainsi qu’à l’organisme Fin à la faim. « On se croise les doigts pour établir des relations avec des entreprises de la région pour qu’on puisse envoyer des élèves en stage ou faire du bénévolat », révèle Caroline Déry. L’intégration socioprofessionnelle est l’un des objectifs visés par cette initiative. À petite échelle, les élèves vivent beaucoup de gratification en offrant des collations ou encore des soupes à la population générale de l’école. « Ils se font féliciter dans le corridor », mentionne Mme Déry, qui se réjouit de la reconnaissance immédiate que reçoivent ses élèves. Au-delà de l’épanouissement à l’école, Mme Déry espère toutefois que ses jeunes protégés puissent se réaliser en dehors des murs de la Croisée.

Confiance en soi

Ressentant un amour profond pour la clientèle qu’elle accueille chaque jour dans sa classe, l’enseignante croit fermement en son potentiel. Cindy Lee Main, une jeune femme de 33 ans, en est un bon exemple. Elle est l’une des candidates pressenties pour faire le tremplin vers le milieu du travail. Maman d’un jeune garçon de 11 ans, Cindy Lee démontre un grand intérêt et beaucoup de polyvalence dans les ateliers de cuisine. « J’aime beaucoup cuisiner et donner au suivant. Je cuisine aussi à la maison pour mon garçon », partage-t-elle.

Dans les derniers mois, la jeune femme a pris beaucoup de confiance en elle; tel est l’objectif de chaque nouveau projet mis en place pour la clientèle en déficience intellectuelle au Centre la Croisée, comme la participation à l’initiative de la Tablée des chefs.