Santé
Retour12 octobre 2023
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Après le cancer… se reconstruire : le récit de Nathalie
Témoignage
©Photo Depositphoto
Après avoir reçu un diagnostic de cancer du sein, Nathalie, une Repentignoise, a dû subir une double mastectomie qui lui a sauvé la vie.
Il y a un an et demi, la vie de Nathalie a basculé. La jeune cinquantaine, le vent dans les voiles tant sur le plan personnel que professionnel; tout allait pour le mieux. Jusqu’au jour où le diagnostic est tombé. Cancer du sein. Des mots que personne ne souhaite entendre. Aujourd’hui en vie et guérie, Nathalie désire propager l’espoir à celles qui marchent ou marcheront dans ses traces. « Ce n’est pas facile, mais comme dans toute crise, il y a un début, un milieu et une fin. »
La Repentignoise était de celles qui, sans se l’avouer, ont la pensée magique. Ces choses-là n’arrivaient qu’aux autres. Pas de craintes à avoir pour elle-même. Si bien que lorsque son médecin a ressenti une masse dans un de ses seins et lui a suggéré de passer des examens complémentaires, elle s’y est rendue avec la conviction que les nouvelles seraient bonnes. Mais, la vie lui réservait un tout autre scénario.
Tout s’est mis à débouler rapidement. « Le chirurgien oncologue voudrait vous opérer rapidement » se souvient de s’être fait informer Nathalie. À ce moment, elle ne réalisait pas encore ce qui lui arrivait. Tout allait trop vite. Pourtant, l’heure était aux grandes décisions.
« Le chirurgien m’a expliqué mes options, poursuit-elle. J’avais deux choix. Soit on retirait les masses ici et là et on faisait ensuite de la chimiothérapie et de la radiothérapie, soit on y allait radicalement, c’est-à-dire de faire une double mastectomie. »
Les réflexions et les discussions avec ses proches l’ont amené à arrêter son choix sur la seconde proposition. Quoique réfléchie et assumée, cette décision portait avec elle le fardeau de l’acceptation d’un nouveau corps dont la féminité aurait été amputée. « Le changement était assez important au niveau de l’image corporelle, mais je voulais me protéger. Je ne voulais pas que ça se répande. Tout ce que je souhaitais, c’était que ça sorte de mon corps », explique Nathalie.
Assumer son nouveau corps
En effet, il n’était pas question pour elle de prendre de risques inutiles qui la replongeraient dans cette épreuve. Toute trace de cancer l’avait quitté avec l’opération. Puis après ? Envisager une reconstruction ? Conserver la peau des seins et les mamelons présenteraient un trop grand risque de nécrose. C’est entre autres pourquoi, ultimement, elle a choisi d’y renoncer.
« Pour moi, ça signifiait de courir un autre risque et d’aller encore vers des complications. Alors, je me suis dit : Non, je n’ai pas besoin de mes seins pour vivre. Je n’avais plus de problèmes de santé et je n’en voulais pas d’autres, alors j’ai décidé de faire face à ma nouvelle image corporelle. »
Durant les premiers mois, face à elle-même et à ses proches, Nathalie était sereine avec ce corps dénué de seins. Ses cicatrices lui rappelaient qu’elle était toujours vivante et en santé. Toutefois, après sa convalescence est venu le moment de reprendre ses activités. « Quand je suis retournée vers des milieux où les gens n’étaient pas informés de ma situation, j’ai vécu un choc auquel je ne m’attendais pas. J’ai vraiment réalisé que mon image corporelle avait changé. J’ai senti un malaise et le besoin d’aller chercher de l’aide pour m’accompagner », confie Nathalie.
Belle, féminine, bien dans sa peau
Durant un moment, elle a tâché de se convaincre qu’elle s’y ferait, que le malaise s’estomperait. Mais, ce n’est pas arrivé. Malgré tout, elle savait qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision. Elle resterait loin de la table d’opération. En mode solution, elle s’est plutôt tournée vers une boutique de lingerie de la région où elle a découvert un département totalement dédié aux femmes qui, comme elle, avaient subi une mastectomie.
À la Lingerie Emma, elle a trouvé, avec l’aide d’une corsetière attentionnée, des soutiens-gorges et des prothèses qui lui donnent la réelle impression d’avoir retrouvé sa poitrine lorsqu’elle les enfile. « Je n’ai pas mes seins, mais j’ai réussi à trouver un entre deux qui me permet d’être confortable dans mon corps », assure Nathalie, reconnaissante d’avoir découvert ce service.
En ce sens, la survivante voudrait que chaque femme qui traverse une épreuve similaire à la sienne sache qu’elle est belle, même sans sein, et qu’il y a toujours des solutions pour se sentir mieux dans sa peau. Surtout, elle leur dit d’oser.
« Le plus important, c’est de briser l’isolement, d’oser en parler. Soyez audacieuses. Allez chercher l’information et les ressources dont vous avez besoin », lance-t-elle.
Car, pour un grand nombre de femmes, comme pour Nathalie, il y a un après. Un après bien différent, parsemé de petits bonheurs et d’une grande dose de gratitude. « Même si aujourd’hui il y a beaucoup de traitements, il reste que le cancer veut dire que nous avons une finitude. Ça nous met face au fait qu’un jour on va partir. Alors, savourons chaque moment, prenons le temps de souligner nos bons coups et de nous faire plaisir. »
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