C’est la fin pour le Fort de L’Assomption

Logements sociaux

©Photo Marie-Christine Gaudreau

Le Fort de L’Assomption a été érigé sur la rue Sainte-Anne dans les années 1970.

C’était dans l’air. Le maire de L’Assomption, Sébastien Nadeau, avait évoqué lors d’un café citoyen au cours des derniers mois la volonté de la Ville de revaloriser le site du Fort de L’Assomption, dans le but de bonifier son offre de logements sociaux. Une première étape en ce sens est franchie, alors qu’un mandat d’études géotechniques visant à déterminer le type de bâtiment pouvant être construit en ce lieu a été octroyé.

En fonction des résultats des études, il ne serait pas impossible de voir le vieux Fort s’effacer du décor assomptionniste dès l’automne prochain. « À partir des résultats de l’étude géotechnique, on va travailler avec l’OBNL [Un Toit pour Tous]. C’est eux qui vont réaliser le projet. La part de la Ville, c’était de savoir ce qu’on peut construire sur ce terrain-là », a expliqué le directeur général à la Ville de L’Assomption, Serge Geoffrion.

Il est donc encore trop tôt pour connaître la teneur exacte du projet qui sera implanté au 270, rue Sainte-Anne. « Si on est capable de construire un [immeuble à] quatre étages, on parle de 10 à 12 portes. Mais, si les capacités portantes ne sont pas bonnes, ce sera peut-être simplement un deux portes. On ne s’avance pas, car on ne le sait pas », a précisé le directeur général.

En effet, le nombre de portes supplémentaires ultimement disponibles en logement social sera déterminé par la capacité portante du sol ainsi qu’en fonction de la superficie constructible, à l’abri des risques de glissement de terrain, en bordure de rivière. Ces études seront réalisées cet été par la firme d’ingénierie Pangeos.

De grands besoins à combler

Certes, la Ville de L’Assomption a la volonté de développer le logement social sur son territoire afin de répondre aux besoins importants dans la région. « On a quelques centaines de portes, mais la demande est plus grande que ce qu’on peut offrir. Donc, on regarde toutes les opportunités », a poursuivi M. Geoffrion. Détenant peu de terrains municipaux où il soit possible de construire du logement social, la Ville de L’Assomption se devait de considérer l’idée du site du Fort, bien qu’il en déplaise à certains.

« Le maire l’a dit à plusieurs reprises, et on peut le voir, il y a des argents extrêmement importants [à investir] pour maintenir un bâtiment qui n’est pas historique. Le coût des investissements versus la valeur du bâtiment; l’un est trop élevé par rapport à l’autre », d’exposer le directeur général.

Celui-ci assure toutefois qu’un plan de contingence est en place afin de relocaliser les organismes qui utilisent le Fort pour tenir leurs activités, après sa démolition. Présentement, les Alcooliques anonymes (AA) y tiennent leurs rencontres, de même que les scouts. Le reste du temps, le bâtiment est mis à la disposition du public qui peut en faire la location pour des événements privés.

« On aimerait faire un 12 logements, mais si le sol ne le permet pas, ce sera peut-être juste un quatre logements. » - Serge Geoffrion, directeur général.

Protéger un lieu emblématique

Si plusieurs citoyens semblent se rallier à la vision de la municipalité, d’autres décrient la décision de la Ville de balayer un « lieu emblématique » aux yeux de plusieurs résidents. Ils sont plus de 2 700 à avoir apposé leur nom à une pétition s’opposant à la démolition du bâtiment.

Bien que le Fort bâti dans les années 1970 ne soit pas un bâtiment historique, les signataires défendent son caractère patrimonial. « C'est un symbole d'unité et de fierté communautaire. Le vieux fort a été le théâtre de nombreux rassemblements et événements importants qui ont renforcé notre sentiment d'appartenance à cette ville. Cependant, il est maintenant menacé de destruction. Cette perte serait dévastatrice, non seulement pour ceux d'entre nous qui chérissent ses murs chargés d'histoire, mais aussi pour l'intégrité culturelle et historique de L'Assomption elle-même », peut-on lire dans le texte de la pétition*.

Malgré l’attachement certain de nombreux citoyens à ce lieu, l’administration municipale semble, elle, déterminée à utiliser le site à meilleur escient.

Un deuxième site visé

En plus du terrain du Fort de L’Assomption, la firme Pangeos a été mandatée à réaliser des études géotechniques sur un deuxième terrain situé au 729, boulevard de L’Ange-Gardien. Cette parcelle de plus ou moins 12 000 pieds carrés appartenant à la municipalité est destinée à la vente auprès d’un investisseur privé, une fois les rapports d’analyse des sols complétés.

Il est prévu que le projet qui y sera réalisé, mais dont la nature exacte reste également à déterminer, inclura à tout le moins une part de logements sociaux.

* Le journal a tenté de joindre les instigateurs de la pétition afin de connaître leurs intentions pour la suite des choses. Ceux-ci n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevues.

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