19 juin 2024

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

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©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

Raphaël, Christophe, Jade et Emmanuelle filent le parfait bonheur à bord de leur voilier.

Il aura suffi de quelques voyages de ski et de camping d’hiver au mont Washington avec son père et d’expéditions de canot en camp de vacances pour que la petite Emmanuelle soit persuadée qu’elle ferait de l’aventure son mode de vie. Dès l’âge de 17 ans, elle quitte donc le domicile familial pour aller étudier le tourisme d’aventure à Gaspé. Elle parcourra ensuite le monde à titre de guide de voyage, jusqu’à ce qu’une expédition de 45 jours en Antarctique vienne tout changer.  

« J’ai rencontré Christophe qui est mon mari aujourd’hui. Je ne connaissais rien aux bateaux; lui avait déjà le sien. Six mois après l’avoir rencontré, je suis arrivée sur son bateau en ne sachant pas du tout dans quoi je m’embarquais. Et, en fait, je ne suis jamais reparti de son bateau », résume Emmanuelle Dumas, en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord, alors qu’elle était de passage au Québec en mai. Rapidement, il est devenu clair pour les tourtereaux qu’ils allieraient leurs passions pour en faire un mode de vie.

©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

Dès l'enfance, Emmanuelle Dumas savait que l'aventure prendrait une place dans sa vie.

Partager ses passions pour en vivre

Christophe excelle à la barre de son voilier. Lorsqu’il navigue dans les eaux glacées, rien ne l’effraie. Il défie les vagues sans broncher. Pour Emmanuelle, c’est la randonnée, le ski ou encore le kayak à travers les glaciers qui la font vibrer. Faisant un plus un, ils ont fondé LifeSong Sailing, leur entreprise de voyage d’aventure. « On ne le fait pas pour faire de l’argent ou que ça devienne de plus en plus gros, de préciser d’emblée Emmanuelle Dumas. On le fait parce qu’on aime ça. On aime partager notre passion, autant moi que mon conjoint. On est toujours aussi émerveillés de voir les paysages et de les faire découvrir à nos passagers. »

En fait, les expéditions sur LifeSong constituent une immersion dans le mode de vie de la famille Dumas-Votat. Au-delà de la navigation et des activités d’aventure, les visiteurs ont parfois l’occasion, selon le lieu de l’expédition, de participer à la pêche du repas du soir. Ils ont aussi l’opportunité de s’initier à l’aquarelle, une autre des passions d’Emmanuelle. On leur transmet également les plaisirs de la table avec une importance particulière accordée à chacun des repas, qui sont partagés tous ensemble. « On offre ce qu’on aime faire », résume simplement Emmanuelle Dumas.

©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

Le LifeSong dispose de quatre cabines. La famille Dumas-Votat en partage une à quatre, tandis que les trois autres accueillent les voyageurs, au nombre de 5 à 6 à la fois, ainsi que l'équipière de la famille.

Famille à bord

Au fil des ans, de petits matelots se sont ajoutés à l’équipage. En effet, le couple a aujourd’hui deux enfants; Raphaël, 6 ans et Jade, 4 ans. Pour eux, vivre sur un bateau est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Il faut dire qu’ils n’ont rien connu d’autre. Passant le plus clair de leur temps dans les régions froides, l’hiver et les eaux glaciales ne leur font pas peur. À presque 5 ans, Jade n’a même jamais connu l’été, contrairement à son frère qui est né en Polynésie française. « En ce moment, on est de passage au Québec et c’est la première fois qu’elle a aussi chaud de sa vie. Habituellement notre saison de bateau en Arctique c’est durant l’été, jusqu’en octobre. Quand on vient au Québec habituellement, il n’y a plus de chaleur », mentionne la maman.

Bien que leur mode de vie puisse sembler déstabilisant de l’extérieur, pour la jeune famille, vivre autrement serait impensable. « J’aime tout de ce mode de vie. Je ne pourrais pas passer à autre chose », martèle celle qui admet que cela implique quelques défis, notamment avec l’immigration, étant elle Canadienne et lui Français.

©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

Raphaël et Jade vivent sur un bateau depuis leur naissance.

Le bonheur ne règle pas tous les maux

Mais, malgré les embûches, rien ne saurait éloigner Emmanuelle Dumas de la mer et de son bateau, pas même … le mal de mer ! Car, oui, même après toutes ces années passées sur l’eau, elle admet en souffrir encore régulièrement. « Heureusement, ce n’est pas à tous les voyages. Souvent, on est protégé de la houle, donc il n’y a pas de vagues, mais quand on traverse les océans, je suis souvent malade les premiers jours. Mais ça ne m’empêche pas de vivre sur un bateau », indique celle qui avoue avoir vécu de rudes moments, surtout lors de ses deux grossesses.

Emmanuelle se rappelle notamment leur plus grosse tempête. Elle était alors enceinte de son premier enfant. Les immenses vagues, de doubles déferlantes, ont frappé leur bateau des heures durant, jusqu’à renverser le navire sur le côté. « Le mât a touché à l’eau. Le bateau était complètement couché. […] C’était assez effrayant. Moi, j’étais à l’intérieur parce que j’étais tellement malade… Mon conjoint, lui, a été à la barre du bateau pendant 13 h de suite, sans rentrer pour se changer, pour manger ou pour boire. Il ne pouvait pas lâcher la barre. »

Heureusement, même si la famille navigue le plus souvent dans des eaux propices au mauvais temps, grâce à un meilleur accès à Internet et à des prévisions météo de plus en plus précises, elle réussit souvent à se mettre à l’abri des plus importantes intempéries.

Ce qui ne l’empêche pas toutefois d’avoir le goût du risque et d’encore plus grandes aventures. Effectivement, d’ici deux ans, la famille prévoit poursuivre sa route à bord d’un bateau plus grand, mais qui aura aussi la capacité de pousser davantage les glaces.

« J’aime le fait qu’on ne sait jamais où on sera le soir, parce qu’on ne fait pas deux voyages pareils. Il y a toujours la surprise du lendemain ! » - Emmanuelle Dumas

©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

LifeSong Sailing offre des expéditions au Groenland, en Norvège, au Spitzberg et en Antarctique. Outre la navigation, plusieurs activités sont proposées aux voyageurs, dont le ski, le kayak et la randonnée sur les glaciers.

Vers de nouvelles aventures

« On est arrivé à la conclusion que le bateau qu’on a commençait à être trop petit pour les enfants, explique Emmanuelle. On s’est dit, soit on arrête le bateau, soit on en fait un plus grand. C’était impossible d’arrêter le bateau. Je pense que je serais malheureuse. » Alors, dès la fin de l’année, le couple entreprendra la construction de son prochain navire qui totalisera 24 mètres de longueur et hébergera sept cabines. Mis à part la coque, Emmanuelle et Christophe bâtiront leur nouveau bateau eux-mêmes.  

©Photo gracieuseté - Emmanuelle Dumas

Pour répondre à ses besoins grandissants, la famille projette de construire un navire plus grand qui fera 24 mètres de longueur et accueillera sept cabines, pour plus de confort.

« C’est un projet assez fou, avoue-t-elle. Avec ce bateau, qui sera encore plus résistant aux glaces, on aimerait aller encore plus loin faire un hivernage au Groenland, près d’un village Inuit. On aimerait faire le passage Nord-Ouest, au-dessus du Canada, de Terre-Neuve jusqu’à l’Alaska. C’est un passage qui n’est pas ouvert tous les ans. Il passe de plus en plus, mais par exemple, en 2018, ça ne passait pas. Il y a un bateau qui a coulé, donc c’est un projet assez engagé. »

Vous l’aurez compris, l’aventure est loin d’être terminée pour les Dumas-Votat. Si les moments où ils font escale sur la terre ferme pour retrouver leurs proches leur font un grand bien, l’appel de la mer n’est jamais bien loin. C’est dans l’étroitesse de la cabine de leur bateau, où ils se blottissent tous les quatre le soir venu, qu’ils cultivent leur bonheur familial et les plus merveilleux souvenirs qu’ils puissent léguer à leurs enfants.  

Curieux d’en apprendre plus sur ce mode vie peu ordinaire ? lifesongsailing.com.