Culture
Retour17 septembre 2024
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
L’infertilité : L’invraisemblable carte de visite de Sébastien Haché
Humour
©Photo gracieuseté - Perfecteau Comm
Sébastien Haché fait preuve de beaucoup d’autodérision dans son spectacle « Tirer à blanc », où il raconte avec humilité son parcours hasardeux pour mettre au monde un enfant.
Il y a de ces sujets qui chavirent le cœur, qui laissent sans mots. L’infertilité en est vraisemblablement un. Mais pas pour Sébastien Haché, du moins, plus maintenant. S’inspirant de son histoire personnelle, l’humoriste a fait de ses difficultés à concevoir un enfant, la carte de visite de son cinquième spectacle en carrière. Tirer à blanc sera présenté au Fermentor, à L’Assomption, le 25 septembre prochain.
« Je dis souvent que les émotions sont toutes un peu interreliées. Le drame n’est pas si loin de la comédie. Parfois, juste en changeant un peu l’angle d’attaque, tu finis par trouver ça drôle; par sortir l’absurde de cette situation-là », évoque Sébastien Haché, en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord.
Durant quatre ans, l’humoriste et sa conjointe ont été confrontés à des enjeux de fertilité. Évidemment, l’idée de tourner ce parcours du combattant à la blague n’est pas apparue du jour au lendemain. En fait, Sébastien Haché explique avoir d’abord couché ses pensées sur du papier pour évacuer, pour cheminer lui-même dans cette épreuve.
« Au début, j’avais besoin de faire ça, besoin de l’écrire, besoin d’en parler, puis je suis humoriste, donc je rendais ça drôle », reconnaît-il. Au bout d’un certain temps, celui-ci a constaté qu’il avait bien plus de contenu qu’il n’en faut pour alimenter un spectacle de 75 minutes.
« Ç’a été la catharsis, mon psychologue gratuit. Je me suis confié à une feuille de papier. » - Sébastien Haché
Un sujet qui attise la curiosité
« J’ai beaucoup écrit et ce n’est pas tout drôle ce qui sortait », convient Sébastien Haché. En faisant le tri des mémoires de son parcours, il a néanmoins vu du potentiel humoristique dans maintes situations vécues. Il a commencé à présenter des numéros par-ci par-là, lors de ses apparitions publiques. « À chaque fois que je faisais ces numéros-là dans un bar, un comédie club, une salle, peu importe, il y avait toujours une espèce d’attention particulière qui se créait. » La salle devenait tout à coup silencieuse; les gens plus attentifs, rapporte-t-il.
C’est à ce moment que l’humoriste s’est aperçu qu’il n’était pas seul; que beaucoup de gens partageaient sa réalité et que le thème méritait sa tribune. « Visiblement, il y a beaucoup de gens qui vivent des affaires de même, sauf qu’on n’en parle pas. On garde ça un peu en dessous du tapis », constate-t-il. Invariablement, Sébastien Haché raconte que des spectateurs l’abordaient toujours après la présentation de ses numéros sur l’infertilité pour partager leur vécu personnel.
©Photo gracieuseté - Perfecteau Comm
En présentant des numéros sur l’infertilité, l’humoriste s’est vite rendu compte qu’il s’agissait d’un thème qui touchait beaucoup de gens.
« Tirer à blanc, c’est un mélange de plein d’affaires; ça ne ressemble à rien, ça ressemble juste à Sébastien Haché ! » - Sébastien Haché
À la fois touchant et hilarant
L’humoriste rassure toutefois : « Oui, c’est drôle le spectacle, très drôle […] C’est un spectacle d’humour à la base. Le but est de faire rire le plus grand nombre de personnes. » Bien que le récit devienne touchant en certains lieux pour ceux qui s’y retrouvent, Sébastien Haché assure que le rire prédomine et que les « moldus », comme il s’amuse à surnommer les gens qui n’ont pas d’historique avec l’infertilité, trouvent tout autant leur compte dans le spectacle qu’il propose.
« Si vous doutez, je vous mets au défi de venir voir le spectacle pour voir comment je me débrouille avec un sujet aussi pas drôle ! » s’exclame-t-il enfin. L’humoriste ajoute que le processus pour donner naissance à Tirer à blanc fut un bel exercice lui permettant d’aller dans différentes zones inexplorées jusqu’alors. « Il y a beaucoup d’autodérision, un peu de stand-up, un peu d’anecdotes. On tombe dans l’absurde une fois de temps en temps », décrit celui qui se plaît à prendre le rôle du « perdant attachant » sur scène. « Je gagne rarement dans mes anecdotes ! Par exemple, dans le spectacle, je gagne, parce que je réussis finalement. J’ai un petit gars de 2 ans », annonce fièrement le papa.
Lancé en mars 2023, le spectacle Tirer à blanc séduit depuis le public aux quatre coins du Québec. Avec son thème inédit, son humilité et son sens de l’humour aiguisé, Sébastien Haché touche ses frères d’armes, surprend le commun des mortels avec des faits étonnants sur l’infertilité et en relève finalement avec brio le pari de rassembler et de faire rire autour d’un sujet noir.
Après son passage à L’Assomption, Sébastien Haché poursuivra sa route à travers la province tout l’automne. Il fera notamment sa grande rentrée montréalaise le 2 octobre prochain au Lion d’Or.
Du rire au cœur
Après avoir étalé quatre ans de sa vie au grand jour avec Tirer à blanc, le spectacle, Sébastien Haché propose également le balado du même nom, où trois autres couples se confient à leur tour sur leur expérience avec l’infertilité. « Dans le balado, on se concentre vraiment plus sur l’émotion que ça nous fait vivre, comment on se sent là-dedans, comment on reçoit certaines choses », explique l’humoriste. Plus vrai, plongeant dans le vif du sujet, le balado Tirer à blanc aborde le passage en clinique de fertilité, les traitements auxquels les patients doivent se soumettre pour tenter d’arriver à leurs fins, les réussites, les défaites et tout ce qui entoure les démarches vers la procréation. À travers les discussions et les témoignages, Sébastien Haché tâche de comprendre pourquoi le sujet de l’infertilité est toujours tabou. Durant quatre épisodes, il invite donc les auditeurs à rencontrer quatre couples aux prises avec des enjeux différents en ce qui a trait à la fertilité et dont la finalité est différente. « Il y en a pour qui ça fonctionne, il y en a pour qui ça ne fonctionne pas », révèle-t-il. De plus, le troisième épisode se consacre au rôle de l’entourage du couple lorsque l’infertilité frappe. Les commentaires du genre « arrête d’y penser, ça va fonctionner ! » ne devraient pas avoir lieu d’être, prévient l’humoriste. « Je me pique tous les deux jours, je vais voir des médecins qui me rentrent des affaires tout partout ! Je ne peux pas ne pas y penser ! » conclut-il.
Mettre ses propres défis à profit
Avant d’être confronté à l’infertilité, Sébastien Haché avait déjà une autre bête noire à affronter. En effet, l’humoriste révèle être une personne plutôt anxieuse. Ainsi, il raconte avoir profité de la pause pandémique pour développer une conférence en lien avec l’anxiété. D’abord adressée aux adolescents spécifiquement, la conférence a aujourd’hui été adaptée à tous les groupes d’âge. « Dans le fond, je prends tous mes problèmes et je maximise ça ! », résume-t-il en rigolant. Lorsqu’il va à la rencontre des jeunes, Sébastien Haché leur fait part de ce qu’il aurait souhaité qu’on lui dise quand il avait leur âge pour l’aider à comprendre le phénomène de l’anxiété, à ne plus en avoir peur et à le maîtriser.
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