Culture
Retour25 septembre 2024
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Penser le Québec de demain à travers le son et l’image
©Photo gracieuseté - Mauvaise Influence
Angèle Courville et Philippe-Emmanuel David juxtaposent sons et image dans une exposition hors du commun.
Angèle Courville et Philippe-Emmanuel David sont respectivement pianiste et guitariste. Il y a quatre ans de cela, les artistes ont choisi de faire un virage important dans leur pratique artistique en troquant leurs instruments pour l’écologie sonore et en intégrant l’art visuel. Ensemble, ils ont donné naissance à un concept unique de photo sonore, qui se traduira ensuite par l’exposition Si aujourd’hui pour demain; une réflexion sur l’avenir du Québec réalisée en collaboration avec plusieurs villes québécoises, dont la Ville de Repentigny.
C’est d’ailleurs à Repentigny que la deuxième mouture de l’exposition sera lancée, le 29 septembre prochain, à la bibliothèque Robert-Lussier. La première édition a vu le jour en 2022, puis a fait la tournée du Québec durant deux ans.
Encore une fois, le duo a lancé des questions débutant toutes par « Si aujourd’hui pour demain … » aux municipalités participantes afin de nourrir leur processus créatif des pistes de réponses tirées du milieu.
« Repentigny a participé aux deux éditions. Dans la première édition, ils avaient choisi la question « Si aujourd’hui pour demain, on s’inspirait des jeunes ? », tandis que dans l’édition actuelle, c’est « Si aujourd’hui pour demain, on valorisait le paysage culturel ? » », mentionne l’artiste Angèle Courville.
En visitant des lieux culturels emblématiques tels que l’Espace culturel et le parc de l’Île-Lebel, en se servant de l’écologie sonore de ces derniers pour la captation audio et en discutant avec des intervenants clés de la vie culturelle repentignoise, les artistes ont élaboré une œuvre. Le même processus s’est répété dans 19 autres villes.
La photo sonore; qu’est-ce que c’est ?
« La photo sonore c’est une photo fixe, donc quand on vient voir nos expositions, on a l’impression d’arriver dans une exposition de photos. La photo est noire et blanche, carrée. Quand on approche, on voit qu’il y a un code QR et quand on déclenche le code QR, on peut avoir accès à un audio », explique Mme Courville. Elle compare l’expérience à un film dont on mettrait l’image sur pause, tout en laissant défiler la bande sonore; appareil mobile et écouteurs sont donc de mise pour vivre pleinement l’expérience.
Si on peut apprécier les talents photographiques des artistes en visitant leur exposition, ceux-ci soulignent que c’est surtout à travers le design sonore qui accompagne l’image que l’on peut reconnaître leur signature artistique. En effet, alors que la photo est prise telle quelle, la bande sonore, elle, est le fruit de nombreuses manipulations qui mèneront au résultat final.
« On prend des sons du territoire et on fait un collage à partir de ça, précise Philippe-Emmanuel David. Ce n’est jamais de prendre le son exactement comme ça sonnait le jour qu’on a pris la photo, à ce moment-là, à cet endroit-là. Ça, n’importe qui peut faire ça. Dans notre démarche à nous, il y a vraiment une volonté d’aller chercher des éléments particuliers, puis on va les assembler pour créer quelque chose qui soit nouveau, qui soit cohérent, qui ait une symbolique, une trame narrative, une intention artistique derrière. »
« On se complète; elle est le moteur, je suis la transmission, on n’a pas de brake ! » - Philippe-Emmanuel David.
©Photo gracieuseté - Mauvaise Influence
Un code QR accompagnant chaque photo permet aux visiteurs d'accéder au design sonore créé par les artistes.
Une question; une infinité de réponses
Dans le cas de l’œuvre créée à Repentigny, par exemple, on peut entendre des voix humaines, complètement à droite, puis des chants d’oiseaux et des sons de la nature, complètement à gauche. Au fil du montage sonore, on entend les sons se rapprocher, s’entremêler, puis s’éloigner à nouveau.
Par cette démarche, les artistes amorcent une réflexion sur la nécessité de rapprocher davantage nature et culture. « À quel point l’Île-Lebel devrait abriter plus d’art ? À quel point l’Espace culturel devrait abriter plus de nature ? Quels liens on fait avec ça ? Et puis, c’est quoi l’apport de l’humain dans la transformation culturelle ou dans le fait d’amener ou pas de la beauté dans le paysage ? » lance Angèle Courville.
« Est-ce que l’humain est capable de faire une plus belle beauté que la nature elle-même est capable d’en faire, alors que ça fait des centaines d’années que l’humain s’inspire de la nature pour créer ? Finalement, est-ce que c’est elle la créatrice ? », renchérit Philippe-Emmanuel David.
Sans suggérer de réponse explicite, Courville et David aspirent à amener leur public à réfléchir à partir des questions sélectionnées par les villes à l’aide des sons et des images qu’ils y associent. « Si on mettait en commun tout ça [les humains, la nature et la culture], qu’est-ce que ça pourrait donner ? », se demande Angèle Courville à propos du thème travaillé à Repentigny.
Entourant cette photo sonore née à Repentigny, une dizaine d’autres reflétant les réalités, les enjeux et les aspirations de villes sises aux quatre coins du Québec; toujours autour des trois grandes thématiques choisies par les artistes, soit le territoire, la culture et l’écocitoyenneté.
Les deux font la paire
Partenaires dans la vie comme au travail, Angèle Courville et Philippe-Emmanuel David ont mené de front de nombreux projets artistiques communs depuis plus de 20 ans; jusqu’à en faire un mode de vie. Avec la photo sonore, ils ont encore une fois mis leurs forces en commun pour donner vie à un projet à leur mesure. « On se complète; elle est le moteur, je suis la transmission, on n’a pas de brake ! » conclut Philippe-Emmanuel David.
Si aujourd’hui pour demain sera présentée du 29 septembre au 13 décembre à la bibliothèque Robert Lussier, à la suite de quoi, l’exposition se transportera ailleurs dans la province au cours de l’année 2025. Les artistes rencontreront le public sur l’Allée rose de l’Espace culturel de Repentigny le 29 septembre, de 11 h à 15 h, à l’occasion des Journées de la culture.
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