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02 octobre 2024

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

Une famille de L’Épiphanie lance un cri du cœur après avoir tout perdu

Tempête Debby

Famille sinistrée

©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau

Keven, Joanie et leurs enfants ont presque tout perdu lors des inondations du 9 août dernier; jusqu'à la sécurité d'avoir un toit sur leur tête.

Joanie Bellemare et Keven Imbeault Pelletier habitaient un logement, rue Majeau, à L’Épiphanie, où ils filaient le parfait bonheur. L’appartement de 3 chambres que louait Mme Bellemare à un prix abordable depuis 5 ans permettait au couple d’offrir un nid confortable aux 4 enfants de leur famille recomposée. Mais Debby a tout balayé. Longtemps après le repli de la vague, la petite famille, elle, rame toujours à contrecourant.

En l’espace de quelques instants, leur appartement situé au sous-sol de l’immeuble s’est retrouvé tapisser d’eau, d’un bout à l’autre, le soir du 9 août dernier. Keven et Joanie se remémorent la scène, la gorge encore nouée par l’émotion, tout près de deux mois plus tard. « En rentrant, j’ai vu la poubelle s’en venir dans le salon avec la vague d’eau. Ça rentrait quand même assez vite. En dedans de cinq minutes, on avait les cinq pouces d’eau passés », raconte à l’Hebdo Rive Nord Keven Imbeault Pelletier. Le soir de l’inondation, il préparait à manger aux enfants quand il a remarqué une infiltration d’eau par la porte arrière de l’appartement. Il s’est précipité à l’extérieur pour constater l’origine du problème, puis tout a dégénéré.

C’est assis au pied de l’escalier du triplex que le couple, accompagné de leur petite Clara, un an et demi, raconte leur épopée. Car Debby ne leur a pas seulement dérobé certains biens. Elle les a aussi privés d’un endroit convenable où vivre. Leur appartement est désormais rongé par les moisissures. Keven et Joanie ne savent pas quand ils pourront le réintégrer, mais le temps presse puisqu’ils n’ont pas de plan B. Du moins, pas à long terme.

Éviter la rue

Au lendemain du sinistre, la mère de Keven a accueilli la famille dans son studio de Sainte-Thérèse. Faute d’espace, une cohabitation prolongée n’était évidemment pas possible. À contrecœur, Joanie a dû confier son aînée à sa sœur afin que celle-ci puisse bénéficier d’un logis décent pour débuter l’année scolaire.

Pour sa part, Keven est privé de ses deux enfants dont il a une garde partagée depuis près de deux mois en raison de la situation dans laquelle il se trouve. « C’est dur pour eux et pour papa aussi », échappe M. Imbeault Pelletier dans un sanglot retenu.

Limités dans ses ressources, le couple fait des pieds et des mains depuis le jour de l’inondation pour éviter la rue et retrouver une certaine quiétude pour ses enfants. Ses tentatives pour se relocaliser n’ont jusqu’alors pas porté fruit. Les logements sont soit trop chers, soit impossibles à louer au mois.

Sinistre

©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau

La moisissure est présente partout dans le logement, sans compter l’odeur désagréable qui y règne.

« Le jour de l’inondation, c’était l’apocalypse et depuis, c’est un cauchemar qui ne finit plus. » - Keven Imbeault Pelletier

« On a passé deux semaines dans une tente. Pour le moral, c’est difficile », avoue le papa. De plus, les nuits froides qui s’installaient lentement les ont pressés de trouver une meilleure solution. Un appel à tous a heureusement mis de bons samaritains sur leur route. Ce qui fait en sorte qu’ils peuvent présentement vivre dans une roulotte prêtée, sur le terrain d’un autre résident de leur ville, puisqu’il leur a été refusé de stationner la roulotte sur le terrain de l’immeuble qu’ils habitaient.  

Encore une fois, par contre, il s’agit d’une solution temporaire. La propriétaire de ladite roulotte l’entreposera pour l'hiver à la fin d’octobre. « Il n’y a pas de plan après le 31 octobre, appréhende Joanie Bellemare. On se retrouve à la rue. » Celle-ci espère de tout cœur que son appartement puisse être réintégré d’ici là, bien qu’elle en doute.

Mettre la main à la pâte

Pour exhausser leur souhait et redonner à leur famille leurs habitudes de vie, les sinistrés se sont attelés à la tâche en se proposant pour dépouiller eux-mêmes l’appartement des matériaux souillés par l’eau et ainsi éviter des délais supplémentaires avant le début des travaux. « Je fais mon travail de déménagement, j’arrive le soir, j’arrache les murs, le plancher, je sors tout ça dehors et après je retourne travailler le lendemain. Des fois je me couche à 4h pour me relever à 5h30. Ça va faire à peu près un mois que ça roule comme ça.  Plus de nuit, plus de stabilité », se désole Keven Imbeault Pelletier.

« On est fatiguée, renchérit Joanie Bellemare, visiblement découragée. On est toujours à la course. Si ce n’était pas des enfants [j’aurais tout laissé tomber]. » Plusieurs étapes sont en effet encore devant eux. Une fois tous les murs ouverts, les débris contaminés ramassés et le peu d’effets personnels qu’il leur reste entreposés, un traitement antifongique devra être appliqué avant que ne soit entamée la reconstruction par une équipe professionnelle. « Dans le meilleur des mondes, si je finissais ce soir, il y aurait encore pour un 2 à 3 semaines avant de pouvoir réintégrer », estime M. Imbeault Pelletier.

Inondations

©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau

La Ville ayant mis fin à la collecte des rebuts en bordure de rue, le couple ne sait pas de quelle manière il disposera des matériaux qu’il reste encore à sortir de l’appartement.

« Il n’y a pas de plan après le 31 octobre; on se retrouve à la rue. » - Joanie Bellemare

Et si le 31 octobre arrive à vitesse grand V, ce dernier tient à rester optimiste : « S’il n’y a pas de rupture de matériel, s’il n’y a pas de rupture de main-d’œuvre, c’est possible. Un 5 et demi, ce n’est pas ce qu’il y a de plus long à rénover et ce n’est pas une reconstruction complète. »

« C’est la seule chose qu’on peut espérer parce qu’après, on est dans la rue », réitère Mme Bellemare qui s’inquiète beaucoup pour la qualité de vie de son bébé au-delà de cette date fatidique.

« Le jour de l’inondation, c’était l’apocalypse et depuis, c’est un cauchemar qui ne finit plus », résume Keven Imbeault Pelletier en désignant le tapis de mousse verte qui grimpe sur les murs, les amas d’objets endommagés par l’eau et ceux, éparpillés, qu’ils s’efforcent de préserver.

Famille sinistrées

©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau

Keven Imbault Pelletier et Joanie Bellemare se désolent de voir l’état lamentable dans lequel se trouve leur appartement.

Leurs appels à l’aide essuient des revers

Joanie Bellemare et Keven Imbeault Pelletier ne sont pas les seuls à avoir été ébranlés par les inondations lors du passage des restes de la tempête tropicale Debby. Néanmoins, une brique de plus allait rapidement s’ajouter sur leurs épaules. En communiquant avec ses assurances, Mme Bellemare apprend que sa couverture n’inclut pas les infiltrations d’eau par le sol. Selon elle, cette protection ne lui aurait jamais été offerte. « On s’entend, des assurances de loyer, ce n’est pas ça qui coûte cher versus des assurances de maison. Pour quelques dollars de plus par mois, c’est sûr que je l’aurais pris », assure-t-elle.

Or, le bilan des pertes est accablant. Meubles, matelas, vêtements, jouets, souvenirs, appareils électroniques; la liste des biens souillés par l’eau est longue. Tout devra être racheté aux frais de la famille; un désastre pour elle qui ne compte que sur un salaire pour subvenir à ses besoins. « Je ne travaille plus en ce moment. J’étais censée recommencer à la fin juillet, mais je n’avais pas de garderie », explique la mère de famille.

En plus de ne pouvoir compter sur leur assurance locataire pour se sortir la tête de l’eau, leurs démarches pour obtenir de l’aide gouvernementale ont, elles aussi, essuyé un revers. « Il aurait fallu que ce soit la rivière qui déborde sur notre terrain pour qu’on obtienne de l’aide », déplore Mme Bellemare.

À bout de ressources, la jeune femme a lancé une campagne de sociofinancement dans l’espoir de pouvoir offrir l’essentiel à ses enfants et ceux de son conjoint. « Je me suis toujours débrouillée dans la vie, mais pour eux, je n’ai pas le choix », se rend-elle à l’évidence.

 

Pour soutenir la famille : https://shorturl.at/cH5HS

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