« Le massage est une façon pour les personnes de se reconnecter à leur corps, de l’apprécier. De voir que malgré le cancer, mon corps ne m’a pas trahi et qu’il peut encore me faire du bien », indique celle qui a fondé la clinique MassoCURE à Repentigny en janvier dernier. C’est notamment dans le but de transmettre douceur et apaisement aux gens touchés par la maladie que Daphney Prophète a choisi de se former en massothérapie dans la dernière année.

Infirmière depuis près de 25 ans, Mme Prophète sentait depuis quelque temps l’appel de sa voix intérieure. Comment pourrait-elle aider autrement ? D’une façon qui lui ressemblerait davantage ? C’est dans la massothérapie qu’elle a finalement trouvé sa voie. « Ç’a été un coup de cœur ! » s’exclame-t-elle.

« En effectuant des recherches, j’ai vu qu’il existait une spécialisation en masso-onco. C’était une opportunité de [mélanger] les deux expertises. J’ai travaillé en oncologie, en soins palliatifs; je trouvais que c’était une belle façon aussi de me démarquer », poursuit-elle.

Des bienfaits pour le corps et l’esprit

Depuis, Daphney Prophète traite des gens atteints de cancer, dont de nombreuses femmes touchées par le cancer du sein, que ce soit à la clinique, à domicile ou en milieu hospitalier. Son expertise lui permet entre autres d’agir sur les différents symptômes ressentis par les patients, qu’ils soient causés par la maladie ou par les traitements qui leur sont administrés.

« On sous-estime l’impact du toucher dans un parcours de soins, dans un parcours de maladie. Quand les gens sont dans la souffrance, parfois, juste un simple toucher peut diminuer le stress ressenti, transmettre toute la compassion et l’empathie envers ce que la personne vit », mentionne la thérapeute. Car, si les vertus physiques du massage sont effectivement grandes, ses effets psychologiques ne sont pas non plus à négliger.

Au-delà du geste du massage, Daphney Prophète accorde une grande importance à l’accompagnement et à la relation thérapeutique dans le cadre de ses soins. Elle raconte par exemple que certaines patientes allouent parfois 30 des 60 minutes prévues pour leur massage au dialogue. « Il y a des patientes qui ont l’impression que malgré la maladie elles doivent prendre soin des autres parce qu’ils sont affectés par le diagnostic. Souvent quand elles viennent ici, elles savent qu’il y a quelqu’un qui va prend soin d’elles; qui va prendre le temps de les écouter, de leur demander comment ça va. »

Faire une différence

La thérapeute se fait ainsi un devoir de recevoir les inquiétudes et les états d’âme des personnes qui passent dans sa salle de soins. Dans le cas du cancer du sein, la perte d’estime personnelle liée aux changements corporels fait souvent l’objet des discussions. C’est pourquoi, en plus de contribuer à la récupération post-opératoire, la massothérapeute valide les émotions et soutient le processus de guérison psychologique des patientes.

Pour Daphney Prophète, il est clair qu’elle a trouvé une vocation: « MassoCURE, c’est moi. C’est moi dans ma fragilité, ma vulnérabilité. Dans ce que je veux être profondément comme personne, comme infirmière, comme thérapeute, c’est-à-dire quelqu’un qui fait une différence dans la vie des gens. » Et cette différence, elle se sent la créer à travers la reconnaissance de sa clientèle, la confiance qu’elle lui accorde et les réactions du corps qui s’abandonne au massage. « Ce qui est particulier en massothérapie, c’est que le corps ne ment pas. Tu peux être couché sur la table et tu pleures ta vie parce qu’il y a quelque chose qui se passe… » remarque-t-elle. Définitivement, la massothérapeute est persuadée que l’intégration de la massothérapie en complémentarité à la médecine traditionnelle gagne à être popularisée.

Rendre la thérapie plus accessible

Mme Prophète rêve d’ailleurs du jour où tous et toutes auront aisément accès aux thérapies complémentaires, comme la massothérapie, dans le cadre de leur parcours de soins. Si elle reconnait que le domaine de l’oncologie ait une longueur d’avance sur d’autres pathologies dans l’intégration des thérapeutes en contexte de soins, celle-ci croit aussi qu’il y a encore des gains à faire.

Elle aimerait notamment voir davantage de thérapeutes œuvrer en milieu hospitalier. « Pour avoir accès à mes services, les patientes doivent débourser de leurs poches. Dans un contexte où elles sont en traitement, elles peuvent avoir des enjeux financiers et elles n’ont pas nécessairement les moyens de se payer les traitements dont elles ont besoin. Elles vont s’en tenir à une séance par mois pour les bienfaits que ça peut apporter, alors qu’on peut très bien se faire masser une fois par semaine et ça optimise les effets qu’on recherche dans le plan de traitement », énonce-t-elle.

Dans cet ordre d’idée, la thérapeute souligne l’importance des dons faits, si petits soient-ils, auprès des fondations comme la Fondation du cancer du sein du Québec. Grâce à ceux-ci, Daphney Prophète peut se rendre en milieu de soins et offrir des massages aux patientes durant leur traitement de chimiothérapie.

« Si j’avais un message à lancer en tant qu’infirmière, massothérapeute et entrepreneure, c’est que les dons font une différence. Quand on participe à des forums et qu’on entend les médecins présenter les résultats d’une recherche et qu’on sait que la fondation a financé une partie de cette recherche, c’est là qu’on fait une différence. Parce qu’on améliore les traitements, on améliore les résultats, on améliore la qualité de vie des patients », conclut-elle.

 

Les bienfaits du massage en contexte oncologique

Après un diagnostic de cancer, la massothérapie est reconnue pour avoir de nombreux bienfaits sur le patient. En effet, les soins prodigués par le thérapeute formé en masso-oncologie sont susceptibles d’aider à : 

• gérer la douleur;  
• améliorer la qualité du sommeil;
• gérer les symptômes de nausées;
• alléger le niveau de fatigue;
• reconnecter avec son corps et le bien qu’il peut toujours faire ressentir.

Dans le cas particulier de la chirurgie liée à un cancer du sein, le massage s’avère aussi bénéfique pour :

• la récupération post-opératoire;
• la diminution de l’enflure et de l’œdème au niveau des plaies;
• la réduction des risques d’apparition de complications en lien avec la cicatrisation;
• la diminution des pertes de mobilité fonctionnelle;
• le drainage lymphatique en cas de retrait des ganglions.