C’est d’ailleurs dans cette discipline que Jean Lussier s’est illustré au Danemark. Inscrit à sept compétitions, le pompier retraité est monté sur le podium à chaque occasion. Aux épreuves du lancer du disque, du lancer du javelot, du lancer du poids, du saut à la perche et du saut en longueur, l’athlète a devancé tous ses adversaires, tandis qu’il a enregistré le 2e meilleur temps aux épreuves du 100 mètres et du 200 mètres.

Il s’agissait de ses 14e Jeux mondiaux pompiers, les 32e si on inclut également les Jeux mondiaux policiers-pompiers. À l’exception des années de pandémie, Jean Lussier n’a manqué aucune édition de ces deux événements d’envergure depuis 1988. Pompiers pour la Ville de Montréal à l’époque, c’est une publicité affichée à la caserne qui a attiré son attention. Il se souvient s’être immédiatement dit : « Ça, c’est pour moi ! ». Et il a eu la piqûre.

En plus d’être tout de suite tombé en amour avec l’expérience, Jean Lussier y a trouvé une motivation à se maintenir en forme. « Le fait que j’aie des compétitions à tous les ans fait en sorte que je m’entraîne toute l’année », raconte-t-il, en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord, à son retour d’Aalborg.

Inspirer

Tous les jours, ou presque, le septuagénaire effectue sa routine d’entraînement dans le petit gym qu’il s’est aménagé chez lui ou à la salle de sa ville où il est membre. Il le fait naturellement, par passion. « Je me rends compte que j’ai un impact sur la vie des autres sans le savoir », admet-il toutefois s’être rendu compte au gré du temps.

En effet, nombreux sont ceux qui sont ébahis d’apprendre que non seulement M. Lussier maintient un mode de vie actif en vieillissant, mais qu’il participe toujours à des compétitions et s’y démarque la plupart du temps. « C’est flatteur, mais c’est de l’ouvrage ! » s’exclame-t-il. Puis, il explique : « Il faut que je sois en mesure de répondre à ça. Si je veux continuer d’inspirer les autres, il faut que je continue d’abord à prendre soin de moi. »

Car bien qu’il ait une forme physique enviable pour un homme de son âge, M. Lussier se doit de constater que les propriétés du corps changent avec les années. « On a l’impression qu’on s’entraîne aussi fort, mais les performances ne sont pas les mêmes. D’année en année, tu baisses d’un mètre [aux lancers]. Tu ne peux rien faire contre ça. La nature est faite comme ça. » Dans la fleur de l’âge, l’athlète se rappelle notamment qu’il pouvait enregistrer des sauts en longueur de plus 6 mètres. Aujourd’hui, il franchit à peine 3,6 mètres. Ce qui ne l’empêche pas d’être fier de ses performances. « Je suis content parce que je suis encore en vie », déclare celui qui savoure chaque nouvelle compétition à laquelle sa santé lui permet de prendre part.

Une expérience sociale

Parce qu’il y a bien sûr le sport, mais il y a aussi toute l’expérience sociale qui accompagne le voyage dont Jean Lussier ne pourrait pas se passer. De Jeux en Jeux, l’athlète s’est lié d’amitié avec des pompiers et des policiers, actifs ou retraités, des quatre coins du globe. « Le sport nous réunit et quand on est réuni, on n’est plus dans le sport. On est dans le partage de la vie de tout un chacun », se réjouit-il.

À chacun de ses voyages, l’Assomptionniste se plaît également à s’imprégner de la culture locale des villes où il est appelé à se rendre. Il visite, il discute avec les habitants; il se crée des souvenirs indélébiles. À Aalborg, par exemple, la gentillesse et la générosité des citoyens l’a renversé. « J’ai découvert comment ces gens sont gentils et avenants. En tant que touriste, il m’est arrivé souvent de devoir demander mon chemin auprès des gens. Toutes les personnes à qui je me suis adressé ont répondu positivement à mes demandes d’informations. Plus que ça, toutes ont été plus loin dans leur réponse, soit en m’accompagnant une partie du chemin, en cherchant dans leur téléphone ou en voulant m’aider à transporter ma 2e valise », rapporte Jean Lussier.

Si les astres s’alignent, tout porte à croire que l’athlète reprendra la route l’été prochain pour participer cette fois-ci aux Jeux mondiaux policiers-pompiers de Birmingham, Alabama, aux États-Unis. « C’est mon chemin », soutient celui dont les ambitions sportives côtoient le rôle de proche aidant auprès de sa bien aimée épouse. Chose certaine, tant que ce sera possible, Jean Lussier répondra présent. Après tout, ce n’est pas un chiffre de plus au compteur qui l’arrêtera.

À propos des Jeux mondiaux pompiers

À l’image des Jeux olympiques, les Jeux mondiaux pompiers proposent un éventail de compétitions aux pompiers, que ceux-ci soient actifs ou retraités. Plus d’une quarantaine de disciplines figurent au tableau de cet événement présenté tous les deux ans. On y retrouve des disciplines sportives telles que la natation, l’athlétisme ou le cyclisme, mais également des épreuves sociales comme la cuisine, le fer et les échecs. À l’exception de quelques compétitions réservées exclusivement aux pompiers, les conjoints, conjointes et enfants majeurs des principaux participants peuvent prendre part aux activités.

Règle générale, les Jeux mondiaux pompiers accueillent plus de 5000 compétiteurs. Cependant, l’affluence a connu un ralentissement depuis la pandémie. Les Jeux d’Aalborg qui devait initialement avoir lieu en 2020 ont reçu 2000 participants en septembre 2024. Du lot, on comptait 8 Canadiens, parmi lesquels se trouvait Jean Lussier. Les prochains Jeux mondiaux pompiers auront lieu à Dammam, en Arabie Saoudite, du 5 au 13 novembre 2026.