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18 décembre 2024

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

Ouvrir son cœur à un enfant de la DPJ pour vivre sa paternité

Adoption

Simon Paquin et Kevin Campion-Duplessis

©Photo gracieuseté

Simon et Kevin ont entamé des démarches d'adoption auprès de la DPJ en 2019.

Il y a deux ans et demi et quelques poussières, un petit bonheur se posait sur la route de Simon Paquin, directeur général du Centre à Nous, et de son conjoint Kevin Campion-Duplessis. Un tout petit bonhomme âgé de trois mois à peine, qui ne demandait rien de plus que d’être aimé, venait emplir leur cocon d’amour de ses rires et ses pleurs; un moment que le couple attendait depuis un bon moment déjà. À quelques milles de l’adoption officielle de celui qu’il considère déjà comme leur fils, ils nous racontent leur histoire.

« En étant homosexuel, tu ne penses pas en avoir [d’enfant] nécessairement, alors c’est sûr que quand tu as quelqu’un qui t’ouvre la porte à ça… tu te dis : oui, ça pourrait être possible. On n’est pas obligé de faire une croix là-dessus », raconte Simon Paquin en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord. S’il caressait le désir de devenir un jour papa, celui-ci ne se faisait pas d’illusion quant à la possibilité de concrétiser ce rêve, jusqu’au jour où il rencontre son conjoint actuel, Kevin Campion-Duplessis.

En effet, ce dernier est déterminé à fonder sa famille, qu’importe les difficultés qui puissent se poser sur la route pour y parvenir. « Je suis quelqu’un qui savait à l’époque ce qu’il voulait, alors, parmi les premières questions quand j’étais à la recherche d’un partenaire, il y avait :  est-ce que tu es ouvert au mariage ? Et est-ce que tu veux des enfants ? », confie l’heureux papa. Il ne pouvait s’imaginer un foyer exempt des rires d’un enfant pour l’animer. Il ne pouvait s’imaginer ne jamais vivre la paternité. « Pour moi, avoir des enfants, même si j’étais seul, c’était une évidence. »

Sauter pieds joints dans l’aventure

« Je suis le fou qui a dit oui ! », rétorque avec grand bonheur Simon Paquin. De son propre aveu, l’enfant qu’ils ont pris sous leur aile du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) est un véritable rayon de soleil. « Ç’a été une bouffée d’air frais dans nos vies », image-t-il. Mais avant de vivre ce grand bonheur que représente le jour où ils sont devenus papas via la banque mixte, un long processus, dans lequel la famille avance toujours, a dû être traversé.

Simon Paquin

©Photo gracieuseté

Simon Paquin et son fils, au moment du dodo.

« On avait 24 h pour accepter, mais au fond, la décision était déjà prise. » - Simon Paquin, directeur général du Centre à Nous.

En juin 2019, après s’être entendus sur la façon d’atteindre leurs objectifs parentaux, Simon et Kevin entament officiellement des démarches auprès de la DPJ de Lanaudière; l’option qui leur apparaît la plus indiquée dans leur situation. « Adopter à l’international, pour un couple homosexuel, c’est difficile. On ne fera pas semblant », évoque Simon Paquin. Quant à la possibilité de recourir aux services d’une mère porteuse, l’absence de légifération au Québec à l’époque de leurs démarches les a découragés d’explorer davantage cette voie.

« On s’est dit, tant qu’à adopter un enfant, aussi bien en prendre un ici qui en a besoin, poursuit Kevin Campion-Duplessis. On aurait pu passer par d’autres avenues, mais j’ai longtemps travaillé à la protection de la jeunesse, donc je sais ce qu’est le contexte. » Ayant le pouvoir de changer le cours de la vie d’un enfant d’ici et beaucoup d’amour à donner, ils n’ont pas hésité à se lancer. Ils allaient néanmoins devoir user de patience puisqu’ils ont accueilli leur enfant à la maison en mai 2022 seulement.

Quand la vie bascule merveilleusement

Il aura fallu plus de deux ans au couple après le dépôt de son dossier de candidature afin d’être évalué par les intervenants de la DPJ. « Nous avons été évalués en janvier 2022. On a ensuite été accrédités et on a eu l’appel tant attendu pour notre bébé en avril 2022 », se rappelle Simon, comme si c’était hier.

Bien évidemment, même s’il était attendu depuis longtemps, l’annonce de ce petit poupon à la recherche d’un foyer pour grandir et être aimé est arrivée comme une onde de choc. « C’est une espèce de grossesse accélérée. Tu sais que tu es en attente, mais tu ne sais pas quand le bébé va arriver. Ils t’appellent quelques jours avant. Tu n’as pas 6 mois pour te préparer », explique Kevin. Plus précisément, deux jours après le fameux appel, le couple rencontrait la travailleuse sociale au dossier afin qu’on lui présente l’enfant sur papier. « On avait 24 h pour accepter, mais au fond, la décision était déjà prise », se rappelle quant à lui Simon.

Simon et Kevin auront finalement attendu quelques jours supplémentaires pour rencontrer le petit être qui allait changer leur vie du tout au tout. « C’était un mercredi, je m’en souviendrai toujours. Tu arrives au pied de l’escalier et tu le vois… c’est lui ! », se remémore Simon Paquin avec émotion. Le fruit de tant d’efforts, de patience et de rêve leur revenait finalement.

À partir de ce moment, pourrait-on dire, le conte de fées peut réellement commencer. Un bébé bonheur vivait désormais sous leur toit; un bébé qui déjà, à trois mois, dormait paisiblement la nuit, mieux que ses nouveaux parents, admettent-ils en rigolant, et qui n’a pas eu une once de difficulté à s’attacher à sa nouvelle famille qui débordait déjà d’amour pour lui.

« Pour moi, avoir des enfants, même si j’étais seul, c’était une évidence. » - Kevin Campion-Duplessis

Kevin Campion-Duplessis

©Photo gracieuseté

Kevin Campion-Duplessis partageant un moment de plaisir dans la cuisine avec son fils.

Le grand jour bientôt attendu

Vous l’aurez compris toutefois, l’histoire ne s’arrête pas là. Le processus d’adoption par la banque mixte met du temps. « Il n’est pas encore officiellement adopté, nuance Simon Paquin. Il va l’être en 2025. Nous sommes dans les dernières étapes. » Après avoir accueilli l’enfant en 2022, le couple a, à quelques reprises, participé à des rencontres supervisées avec les parents biologiques. Celles-ci ont rapidement pris fin, pour des raisons qui ne peuvent être divulguées. N’en reste pas moins que la menace de voir l’enfant que l’on aime comme le nôtre repartir un beau matin peut être terrifiante aux premiers abords.  

« Il faut qu’il y ait pratiquement une certitude que l’enfant ne retournera pas dans son milieu avant qu’il soit confié à la banque mixte, en vue d’adoption », se rassurent néanmoins les papas. De fait, peu de temps après que le bébé leur ait été confié, les contacts avec la famille biologique ont cessé. Un an plus tard, Simon et Kevin obtenaient le placement à majorité, leur permettant de déposer une demande d’admissibilité à l’adoption, qu’ils ont obtenue en septembre dernier. Maintenant, le processus juridique suit son cours. Le couple attend prochainement son audience au tribunal de la jeunesse pour l’ordonnance de placement en vue d’adoption. Suivra enfin l’adoption officielle dans un délai de 3 à 6 mois. « On pourrait se le souhaiter autour de la mi-année 2025 », lance Simon Paquin avec fébrilité.

Adoption

©Photo gracieuseté

Ce petit bonhomme qui sera bientôt officiellement le fils de Simon et Kevin est arrivé dans leur vie comme une bouffée d'air frais.

Conserver toutes les pages de l’histoire

Alors qu’ils se rapprochent du but; de ce moment où le lien familial avec leur fils sera scellé à jamais, Simon et Kevin affirment que l’histoire qui a mené leur garçon auprès d’eux ne sera jamais tabou. « Notre fils va être au courant de sa vie, de qui sont ses parents. S’il veut un jour les rencontrer, on n’a pas d’objection à ça non plus », insiste Kevin Campion-Duplessis. Au-delà des craintes reliées à la découverte et à la compréhension de son histoire par leur fils, le désir de transparence et de respect envers son parcours de vie domine. « Le moment de son adoption va faire partie de ce qu’on va raconter aussi. Il va avoir 3 ans quand il va être officiellement adopté, donc ça va être un moment marquant dans son histoire… Et dans la nôtre », conclut Simon, avec une fierté évidente de la vie de famille qu’ils ont d’abord dessinée à deux il y a cinq ans de cela, et qu’ils égaient aujourd’hui à trois de mille et une couleurs.   

 

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