Culture
Retour14 janvier 2025
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Une expérience cinématographique significative
Francisation
©Photo gracieuseté - Julien Rosa-Francoeur
Marguerite Laurence a pris le temps de signer des autographes aux élèves après la causerie autour du film Mlle Bottine.
Quoi de mieux que la culture pour permettre aux nouveaux arrivants de prendre contact avec les racines de leur récent milieu de vie et d’y développer un sentiment d’appartenance ? L’enseignant au volet alternatif à l’école primaire Henri-Bourassa et Soleil-de-l’Aube, Julien Rosa-Francoeur, est à tout le moins d’avis qu’il s’agit d’une précieuse porte d’entrée. Ainsi, en décembre, il a mis en place une sortie au cinéma pour les élèves de 4e à 6e année en francisation.
En compagnie de deux classes du troisième cycle du volet alternatif, les élèves nouvellement arrivés au Québec se sont rendus au cinéma pour visionner le film Mlle Bottine. En plus de la projection, les jeunes ont eu la chance de rencontrer et d’échanger avec le réalisateur, Yan Lanouette Turgeon, et la jeune actrice, Marguerite Laurence.
Ce qu’il faut savoir, c’est que l’école Henri-Bourassa et Soleil-de-l’Aube, à Repentigny, accueille nouvellement les élèves en francisation depuis l’an dernier. Il n’en fallait pas plus pour que M. Rosa-Francoeur se mette à réfléchir à des projets communs qui permettraient aux enfants du volet alternatif et ceux de francisation de mieux se connaître et de collaborer entre eux.
Des histoires qui résonnent
Une première occasion en or s’était présentée à l’automne 2023, alors que le film Ru de Kim Thúy, abordant le vécu d’une jeune enfant arrivant au Québec, prenait l’affiche. « Comme on allait faire ça, j’ai écrit au distributeur du film en demandant si des artisans du film pouvaient être présents et on a eu la chance d’avoir le réalisateur, Charles-Olivier Michaud, et Kim Thúy, qui sont venus discuter avec les élèves à la suite de la projection », se remémore l’enseignant. Comme l’expérience avait été un succès, ce dernier a souhaité répéter l’activité cette année.
Comble du bonheur, le film Mlle Bottine est arrivé au grand écran. Cette fois, « le film ne parlait pas d’immigration, mais on parlait quand même d’une petite fille qui est déracinée, qui change de milieu, de la vie en campagne avec sa grand-mère à la ville avec son oncle. Je pense qu’il y a une notion de déracinement et de changement de vie qui a dû les toucher particulièrement », relate M. Rosa-Francoeur.
©Photo gracieuseté - Julien Rosa-Francoeur
En tout, 70 élèves et 20 adultes accompagnateurs ont participé à la sortie.
Quand l’âge rapproche
Alors que l’activité se mettait en place, l’enseignant a encore une fois lancé une bouteille à la mer dans le but de tenter d’avoir des artisans de l’œuvre cinématographique sur place, lors de la projection. Celui-ci s’est réjoui d’obtenir une nouvelle réponse favorable. De plus, la présence de la jeune actrice Marguerite Laurence, ayant le même âge que les élèves, a apporté une dimension très intéressante aux discussions après le film.
« Les élèves questionnaient beaucoup Marguerite sur son vécu comme actrice, son premier film, comment elle s’est sentie dans les auditions », rapporte Julien Rosa-Francoeur. Cette dernière s’est prêtée au jeu avec enthousiasme et générosité, révélant plusieurs faits cocasses sur le tournage du film aux élèves. « L’actrice Marguerite Laurence est vraiment dégourdie ! Elle avait une façon de s’exprimer qui a fait rire les élèves. »
La présence de la moufette dans le film a également suscité la curiosité de plusieurs. Ainsi, malgré les difficultés d’apprentissage d’une nouvelle langue, plusieurs jeunes élèves en francisation ont osé mettre leurs nouvelles connaissances à profit en tentant de formuler leurs commentaires et interrogations à Yan Lanouette Turgeon et Marguerite Laurence.
©Photo gracieuseté - Julien Rosa-Francoeur
Le réalisateur Yan Lanouette Turgeon et l'actrice Marguerite Laurence ont répondu à toutes les questions des élèves.
L’émotion; ce langage universel
Par ailleurs, l’enseignant confie avoir pu observer les pouvoirs de la culture pour toucher les jeunes, au-delà des barrières linguistiques et des différences culturelles. « Bien que ce n’était pas leur langue première, il y a des élèves derrière moi qui pleuraient parce qu’ils étaient émus par le film. Même s’ils ne comprenaient pas tout, les émotions passaient quand même », constate avec joie l’enseignant.
Enfin, pour plusieurs jeunes nouveaux arrivants venus au Québec dans la dernière année, il s’agissait également d’une première sortie au cinéma, ce qui a frappé M. Rosa-Francoeur. Après coup, il ne peut qu’en arriver à la conclusion que l’activité fut une nouvelle fois un franc succès. Pour conserver un précieux souvenir de cette initiation au cinéma québécois, les élèves sont fièrement rentrés à l’école avec un article promotionnel du film, signé de la plume de Marguerite Laurence et Yan Lanouette Turgeon.
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