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Retour25 février 2025
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Noëlla Blanchet remercie la vie d’être toujours parmi les siens
Ensevelie sous la neige durant 2 h
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©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau
Plusieurs policiers, pompiers et ambulanciers ont participé à l'opération de sauvetage.
Que Noëlla Blanchet, 79 ans, soit toujours parmi nous pour raconter son histoire relève du miracle. Un très heureux miracle. Le dimanche 16 février, alors que la neige tombait à gros flocons et que le vent soufflait vigoureusement, la dame de L’Assomption s’est retrouvée coincée sous un abri d’auto affaissé. Il aura fallu plus de deux heures avant qu’elle soit localisée et secourue.
De retour à la maison, Mme Blanchet et son mari ont tenu à exprimer leur reconnaissance aux intervenants qui ont joué un rôle clé dans le dénouement heureux de cette histoire qui ne saurait laisser quiconque de glace.
En effet, l’émotion était palpable dans la maison du couple âgé, qui avait encore peine à réaliser cette mésaventure qui leur est arrivée, vendredi dernier. À travers des échanges touchants, les policiers et les pompiers intervenus lors du sauvetage ont aidé Mme Blanchet, sa famille et ses proches à recoller les morceaux de cette soirée où se sont chevauchés angoisse et espoir.
Mauvais présage
Mais d’abord, Noëlla Blanchet a fait le récit de cette soirée où elle dit avoir perdu toute notion du temps. Tous étaient pendus à ses lèvres. « Ce soir-là, Bella m’a retenue un bon 10 minutes. Elle ne faisait jamais ça. Je suis partie quand même au bout de 10 minutes. Je suis certaine qu’elle a entendu un craquement, parce qu’elle n’avait jamais agi comme ça avec moi », se rappelle Mme Blanchet.
Bella; c’est la chienne des voisins d’en face. Noëlla Blanchet était allée en prendre soin à quelques occasions durant la semaine, alors que ses maîtres étaient en voyage. Ils revenaient le soir même. Mme Blanchet s’est donc rendue une dernière fois auprès de Bella, vers 17 h.
Son mari, Ghislain Blanchet, attendait son retour pour le souper, autour de 18 h. De la fenêtre de son salon, il pouvait voir la porte d’entrée de la maison en face. Constatant que sa femme n’était toujours pas rentrée à 18 h, il jette un œil de l’autre côté de la rue. Les minutes passent et il ne voit personne franchir le seuil de la porte.
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©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau
Noëlla et Ghislain Blanchet sont reconnaissants de la bienveillance qu’ils ont reçue de tous ceux qui les ont accompagnés depuis l’événement.
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« Je me pince pour croire que je suis encore là ! » - Noëlla Blanchet
À ce moment, Mme Blanchet se trouve déjà prisonnière de la neige et de la toile de l’abri qui l’ont ensevelie. Elle était bel et bien sortie de la maison un peu plus tôt, mais avant d’aller rejoindre M. Blanchet, elle s’est dirigée sous l’abri d’auto pour aller jeter un sac à ordures. « Quand je suis arrivée à la poubelle, j’ai comme écrasé, mais je ne savais pas ce qui m’arrivait. » Puis, elle a vite réalisé qu’elle était prise au piège.
« J’ai commencé à crier : « Non, non, non ! » très fort. Après, je me suis dit que ça ne donnait rien; il n’y avait personne autour de moi », raconte Noëlla Blanchet avec un calme et une résilience déroutante. Elle dit s’être alors plutôt concentrée sur sa respiration, alors qu’elle voyait le film de sa vie défiler dans sa tête. « [Il] s’est déroulé plus qu’une fois; peut-être deux ! » parvient-elle à plaisanter.
Appels à l’aide
« J’ai parlé à mon ange gardien et je lui ai dit, si je suis pour rester ici, fait que ça se fasse vite », poursuit-elle. Alors que les aiguilles du cadran tournaient, le froid glaçait de plus en plus les os de Noëlla Blanchet, dont on ne comprenait pas la disparition. Inquiet, son mari Ghislain Blanchet s’était bien résolu à aller voir un peu plus tôt ce qui se tramait de l’autre côté. Porte verrouillée; pas de réponse. De l’avant de la maison et en pleine tempête; impossible également de voir l’état de l’abri dont seule la partie arrière s’était affaissée.
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©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau
Les agents Sylvain Lessard et Olivier Duchesne sont les premiers répondants à être intervenus sur les lieux de l’accident.
Les secours sont finalement appelés peu avant 20 h. L’agent Olivier Duchesne, du Service de police de L’Assomption / Saint-Sulpice, arrive d’abord seul sur les lieux pour une vérification de bien-être. C’est en tâchant de se frayer un chemin dans l’épais couvert de neige pour accéder à l’arrière de la maison et tenter d’y pénétrer qu’il aperçoit la structure endommagée de l’abri d’auto. Il comprend alors.
« C’est là que je me suis penché avec ma flashlight. Il y avait un bout de manteau qui dépassait. Monsieur [Blanchet] était avec moi et il m’a dit : « c’est son manteau ». À ce moment-là, j’ai crié : « madame, madame, madame ! ». Je n’avais pas de réponse », rapporte l’agent Duchesne. Sans attendre, il demande du renfort. D’autres policiers, des pompiers du Service de sécurité incendie de L’Assomption et les paramédics arrivent rapidement. Tout se met en branle pour sortir Noëlla Blanchet de sa prison de neige.
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©Photo gracieuseté - Service de police de L'Assomption / Saint-Sulpice
Que ce soit les services d'urgence ou le personnel médical, personne ne parvient à expliquer comment Mme Blanchet a pu se tirer presque indemne de cet accident.
Craindre le pire
Se doutant que la dame se trouve dans cette position depuis assez longtemps, tous retiennent leur souffle et craignent le pire. « Quand j’ai vu le manteau à terre, là-bas, moi je suis reparti à reculons », admet Ghislain Blanchet, alors convaincu que le sort de sa douce épouse était déjà joué.
« C’est vraiment Sylvain Lessard qui a crawlé en dessous. Il n’a pas pris de pelle, il a creusé comme un chien pour aller faire un contact avec la dame et c’est là qu’elle a répondu. On a su qu’elle était consciente », continue l’agent Duchesne.
Le principal intéressé, un policier loquace et énergique, refait le fil de l’histoire : « il y avait une pelle rouge qui obstruait mon accès vers vous. J’ai commencé à gratouiller pour accéder à la pelle et quand j’ai commencé à bouger la pelle vous avez lâché un [cri] qui a fait en sorte qu’on s’est dit; « elle est vivante! ». Ç’a donné un boost parce qu’on était convaincu, avec les informations qu’on avait, que ça faisait un bout que vous étiez là et que vous étiez déjà partie vers la lumière. » C’est d’ailleurs la petite lumière blanche que l’agent Lessard portait à l’épaule qui a capté l’attention de Noëlla Blanchet, désormais engourdie par la fatigue et le froid. « Là, je me suis laissé abandonner : enfin quelqu’un m’avait vu », dit-elle.
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« J’ai un ange gardien depuis longtemps. » - Noëlla Blanchet
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©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau
Noëlla Blanchet était très émotive de revoir, en de meilleures circonstances, ceux et celles qui lui ont sauvé la vie.
La force du nombre
Un incroyable travail d’équipe s’est amorcé pour sauver Mme Blanchet. Policiers, pompiers, ambulanciers se sont serré les coudes pour agir le plus rapidement possible. Des voisins se sont même joints à eux, pelles et souffleuses à la main, pour aider les secours à circuler plus aisément dans la neige. Sans oublier l’indéfectible soutien émotionnel apporté par l’agente Miljours à M. Blanchet, qui s’est fait un sang d’encre durant toute l’intervention.
Un miracle inexplicable
Selon la chronologie des événements, il se serait écoulé plus ou moins 2 h 30 entre l’incident et l’extraction de Noëlla Blanchet. Encore aujourd’hui, tout le monde peine à s’expliquer qu’elle ait été retrouvée saine et sauve. « Vous savez, moi, j’ai un ange gardien depuis longtemps », évoque Mme Blanchet en guise de réponse à ce fabuleux miracle. Mais, au-delà de la chance, cette dernière ose croire que son grand calme devant l’adversité et ses 5 h de marche hebdomadaire ont contribué à lui donner la force nécessaire de survivre.
Après avoir été traitée pour une hypothermie et une cheville cassée à l’hôpital, la miraculée, qui assure n’avoir ressenti aucune douleur à la suite de son accident, a pu réintégrer son domicile à peine 48 h après les événements. « Je suis chanceuse d’être chez nous, assise. Je ne suis même pas couchée dans un lit d’hôpital », se réjouit-elle, heureuse d’être entourée de ses êtres chers et de ceux à qui elle doit aujourd’hui sa vie.
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©Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau
Depuis les événements, la famille et les proches de Noëlla Blanchet sont aux petits soins et chérissent encore plus les moments partagés avec elle.
Entre les rires soulagés et les larmes de reconnaissance qui perlaient sur les joues, il y eut, ce vendredi 21 février, une puissante vague d’amour qui s’est emparée de la petite maison de L’Assomption. Gageons que cette histoire forte en émotions restera longtemps gravée dans l’esprit de chacun de ceux qui auront participé à son dénouement heureux.
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