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Retour05 mars 2025
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
Un bilan de trois ans pour en finir avec l’intimidation des femmes en politique

©Photo Élise Brouillette - Hebdo Rive Nord
Manon Leblanc et Francine Ranger du Réseau des femmes élues de Lanaudière.
Le Réseau des femmes élues de Lanaudière (RFEL) vient de présenter le bilan des trois années de son projet « Pour en finir avec l’intimidation des femmes en politique ». Selon Francine Ranger et Manon Leblanc, respectivement présidente et chargée de projet, celui-ci est venu répondre à de réelles préoccupations des membres et a permis d’approfondir un enjeu sensible et encore tabou.
Ce projet, qui a été financé par le programme « Ensemble contre l’intimidation » du ministère de la Famille, est venu des membres du Réseau qui ont exprimé un malaise envers l’intimidation vécue en politique et qui ont demandé au regroupement de faire quelque chose pour informer et sensibiliser. « Ce sont les membres qui ont inspiré les actions qui ont été menées », a déclaré Francine Ranger.
Ces préoccupations trouvaient écho au sein de la société québécoise. Le RFEL a dévoilé que depuis les dernières élections municipales, la province a connu plus de 800 démissions d’élus municipaux. Il a aussi laissé savoir qu’un « récent sondage, réalisé par l'Union des municipalités du Québec auprès de 400 élues et élus, a révélé que 74 % d'entre eux auraient déjà été victimes de harcèlement et d'intimidation pendant leur mandat ».
Francine Ranger et Manon Leblanc ont souligné que bien souvent, les femmes ou les hommes n’osent pas s’exprimer sur la violence vécue et finissent par quitter « pour des raisons personnelles ». « Le RFEL a d’ailleurs accompagné des femmes qui ne voulaient pas dénoncer. Mais il y a plusieurs sorties de secours et façons de se libérer de l’intimidation pour tous les genres de personnalités », a exprimé la présidente.
Parmi les actions initiées au cours du projet, mentionnons tout d’abord la conférence de la femme d’affaires, conférencière et blogueuse Michelle Blanc. Trois balados-témoignages sur l’intimidation des femmes en politique ont aussi été réalisés. Lise Thériault, ex-ministre, ainsi que Lisette Falker et Valérie Léveillé, conseillères municipales, ont pris la parole et ont témoigné avec franchise de leur vécu. « Chacune de ces femmes a subi de l’intimidation et a réagi de façon différente », a mentionné Manon Leblanc.
La deuxième année du projet a notamment été marquée par la publication de La Première ministre est disparue… et madame Baboune aussi!, une bande dessinée « décapante » de l’auteur lanaudois Jocelyn Jalette, ainsi que par un brunch-conférence avec deux agentes en violence conjugale de Terrebonne, soit Joëlle Laparé et Martine Milton, accompagnées du CALAC de Terrebonne. « Tous les types de violence ont des traits communs », a remarqué Manon Leblanc.
Un groupe de 17 mairesses et conseillères issues des six MRC de Lanaudière a aussi travaillé à la rédaction d’une charte pour contrer l’intimidation et Valérie Doyon, conseillère municipale à Terrebonne, a offert une conférence sous le thème « En finir avec l’intimidation parce que la politique, c’est trippant! ».
Grande tournée régionale
Selon Francine Ranger, la pièce maîtresse de ces trois années de projet fut sans aucun doute la grande tournée dont le but était de faire connaître, reconnaître et adopter la Charte contre l’intimidation des femmes en politique par l’ensemble de la députation lanaudoise fédérale et provinciale, les six MRC, les villes et les municipalités de la région.
« La charte a été créée dans le but d’amener une pérennité au projet. Une présentation a été faite au sein de chaque municipalité et le RFEL a aussi offert son écoute, car il peut être plus facile de parler de ces problématiques avec des gens de l’extérieur », a affirmé la présidente.
Les femmes membres du groupe de travail ont voulu donner naissance à une charte simple afin qu’elle puisse être affichée et facilement utilisée. Certaines municipalités ont aussi modifié la résolution afin d’inclure les hommes. « Rien n’empêche les municipalités de le faire, les rencontres ont amené de belles discussions et nous voulons travailler avec les hommes! Nous voulons que les gens se l’approprient. À Lavaltrie, elle a été encadrée et installée dans la salle du conseil. Nous voulons que les gens soient sensibilisés et qu’ils voient qu’il y a des solutions, c’est un outil simple qui peut générer des discussions », a ajouté Francine Ranger, qui est aussi conseillère à Lavaltrie. La charte pourrait même être reprise par des organismes communautaires, des lieux de travail ou dans d’autres régions.
Manon Leblanc a annoncé que ce sont 44 municipalités sur 57 et l’ensemble des MRC qui ont adopté la charte. « Mais le taux est, en réalité, plus élevé, car des municipalités ne l’ont pas adoptée individuellement considérant que le travail avait été fait vu l’adoption par leur MRC… »
Pour le RFEL, les belles réussites des trois années du projet prouvent que ce sujet était d’actualité et qu’il a été approfondi. « Nous avons réussi à trouver un enjeu tristement rassembleur... »
Francine Ranger a terminé en dévoilant le prochain thème qui sera mis de l’avant par le Réseau, à partir de son brunch et de son assemblée générale qui auront lieu à la fin mars. « Nous voulons parler du plaisir de faire de la politique, surtout en cette année électorale, et de l’importance d’être représentatif des citoyens. Au sein d’un conseil municipal, ça prend des gens expérimentés, issus de la diversité, des hommes, des femmes, des jeunes, mais aussi des gens qui ont des défis de santé…»
La conférence de presse du RFEL était la première sortie publique de Francine Ranger depuis qu’elle est atteinte de défis au niveau de sa santé. Elle a confié qu’elle a justement envie de sensibiliser les gens à l’importance de l’inclusion. « J’ai encore des choses à dire et je vais faire campagne, mais avec des outils différents! »
Le Réseau des femmes élues de Lanaudière (RFEL) existe depuis 12 ans et soutient des femmes qui veulent se présenter en politique ou qui aiment la politique, principalement du milieu municipal. Le regroupement est toutefois ouvert à toutes les femmes élues, que ce soit au sein de conseils d’administration ou dans le monde syndical. « Nous offrons du mentorat, de l’accompagnement, et des outils tels que des formations et des conférences. »
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