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Retour19 mars 2025
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Lutte au phragmite | le travail se poursuit au parc de l’Île-Lebel
Journée mondiale de l’eau

©Photo Depositphoto
Le phragmite, ou roseau commun, est une plante exotique envahissante qui représente une nuisance pour la biodiversité des sites où elle s'installe.
Il y a un an presque jour pour jour, Steven Guilbault, alors ministre de l’Environnement, était de passage à Repentigny dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau afin d’annoncer un financement fédéral de 800 000 $ pour des projets visant la protection de l’eau douce. Du lot, 200 000 $ étaient octroyés au Comité ZIP des Seigneuries pour son projet en cours au parc de l’Île-Lebel. Un an plus tard, Sophie Lemire, biologiste et directrice générale du Comité ZIP des Seigneuries, explique où en est le projet.
Rappelons d’abord que la prolifération du phragmite, une espèce végétale exotique envahissante mieux connue sous le nom de roseau commun, en bordure du fleuve, avait mené à la mise en place d’un plan d’action pour éradiquer les colonies il y a de cela quelques années.
« Le phragmite forme des colonies très denses et monospécifiques qui nuisent à la biodiversité. Il émet des substances chimiques dans le sol, ce qui fait en sorte qu’il n’y a que ça qui pousse après. Dans un milieu comme la plaine inondable, c’est la biodiversité qui écope », résume Sophie Lemire afin d’illustrer la pertinence de l’opération. À titre d’exemple, celle-ci parle des canards qui ont l’habitude de nicher dans les quenouilles ou les prairies et dont la présence dans ce secteur est menacée par le roseau commun. « Le phragmite c’est tellement dense et haut qu’on peut mal imaginer un oiseau prendre son envol dans un milieu si dense. »
Le roseau commun : un ennemi de taille
C’est dans ce contexte que les travaux d’éradication de la colonie ont débuté en 2021, d’abord soutenus par la Fondation de la faune, puis par le Programme Interactions communautaires du gouvernement fédéral, à partir de 2022. Depuis, la Ville de Repentigny et la MRC de L’Assomption sont également impliquées financièrement dans le projet dans le but de préserver la qualité de l’eau et de valoriser les usages durables du fleuve Saint-Laurent.
S’il peut paraître relativement simple de procéder à l’arrachage de plantes envahissantes, il faut savoir que se débarrasser du phragmite n’est pourtant pas une mince affaire. Selon Sophie Lemire, le roseau commun est un « opportuniste » qui s’installe facilement lorsque le sol est mis à nu. Les nouvelles pousses doivent donc être coupées et ramassées consciencieusement pour éviter la recolonisation. De plus, plusieurs approches doivent souvent être combinées, de prévenir la biologiste.
Dès 2021, ce sont donc 3,5 hectares de terre qui ont été fauchés et ramassés. « On a ramassé 40 tonnes, ce qui correspond à 47 conteneurs. C’était un problème d’ampleur, c’était dense et il y avait beaucoup de débris », rapporte-t-elle. Et rien ne devait être laissé au hasard; pas même les tiges tombées à l’eau, car « un fragment qui est coupé peut « retigé » là où il y a un nœud. Il y a une racine qui peut reprendre là, donc on ne veut pas que ça flotte sur l’eau et que ça aille coloniser ailleurs. »
Des plantations à venir
À l’heure actuelle, les coupes répétées des dernières années et le ramassage assidu ont permis de réduire la superficie occupée par la colonie de 62 %. « Là où on a fauché dans des cuvettes qui étaient basses en altitude, on obtient un succès », constate Mme Lemire, citant une étude de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) qui démontre que lorsque la plante est coupée dans l’eau, il y a asphyxie de cette dernière.
Les zones plus élevées en altitude, elles, donnent davantage de fil à retordre au Comité ZIP des Seigneuries; d’où l’importance de mettre en œuvre des actions complémentaires. « On veut peut-être mettre des bâches pour contrôler les portions qui ont moins bien réussi. On veut aussi faire des plantations et semer des graines. On a commencé la planification. On s’est assis avec les intervenants municipaux, les horticulteurs de la Ville et Récréonature pour choisir avec eux les espèces qu’on va planter », indique Sophie Lemire, quant aux actions à venir pour enrayer définitivement l’enjeu du phragmite. À terme, des herbacées et des arbustes minutieusement choisis pour leur résilience face au milieu naturel observé à l’Île-Lebel remplaceront graduellement le roseau commun. Une vigie régulière pour contrôler l’ apparition de repousses du phragmite suffirait ensuite.
D’ici là, les coupes reprendront cet été, tandis que d’autres projets pour améliorer la qualité de l’eau du fleuve pourraient voir le jour. En effet, le Comité ZIP des Seigneuries déposera bientôt un projet visant à récolter des échantillons d’eau à différents points spécifiques pour mesurer l’impact des composantes qu’on y retrouve sur l’habitat du poisson et ultimement travailler en collaboration avec les villes au déploiement de stratégies de réduction à la source.
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