Économique
Retour26 mars 2025
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Rose Maternité et Lait de poule ne font plus qu’un
Entrepreneuriat

©Photo gracieuseté - Marie-Ève Rompré
Sabrina Lefebvre et Maxime Daigle vouent une grande confiance en Claudia qu’ils ont tout de suite voulu garder auprès d’eux pour l’aventure Lait de poule 2.0.
De toute évidence, les dernières années n’ont pas été de tout repos pour les petites entreprises qui ont dû user d’audace et de créativité pour garder la tête hors de l’eau tandis qu’une pandémie sévissait, qu’une impressionnante pénurie de main-d’œuvre allait suivre et que l’inflation et la hausse des taux d’intérêt n’allaient épargner personne dans leur sillage. Heureusement, de tout ce marasme émergent encore de belles histoires et c’est le cas ici même à L’Assomption, où deux joueurs de l’industrie de la mode ont su mettre de côté la rivalité pour unir leurs forces et se propulser.
D’un côté, Sabrina Lefebvre est une entrepreneure et gestionnaire née. De l’autre, Claudia Chassé a le design dans le sang. Toutes deux sont complètement passionnées de l’entreprise qu’elles ont respectivement fondée à L’Assomption dans le but commun de proposer des vêtements uniques qui accompagneraient les femmes dans toutes les étapes de leur vie, incluant la maternité, le post-partum et l’allaitement, mais sans s’y limiter. C’est probablement pourquoi le maillage a été si naturel.
Quand Claudia Chassé, fondatrice de la marque Lait de poule, a approché Sabrina Lefebvre et Maxime Daigle, co-propriétaires de Rose Maternité, il y a plus ou moins un an pour sauver son « 3e bébé » qui se buttait à d’importantes difficultés financières, la réflexion fut assez brève.
« Ça n’a pas été très long qu’on s’est dit qu’il fallait qu’on prenne cette opportunité-là pour conserver cette entreprise et pour essayer aussi d’aller chercher un plus grand bassin de clientèle parce que l’idée c’est de garder les deux identités distinctes », indique Sabrina Lefebvre. En effet, pour le couple d’entrepreneurs, il n’était pas question de racheter la marque Lait de poule sans en préserver son essence, c’est-à-dire la femme derrière le concept qui a su gagner le cœur de nombreuses clientes durant ses années d’activités.

©Photo gracieuseté
Rose Maternité est née dans le sous-sol du couple, qui a rapidement vu l’espace manquer !
Complémentarité
Là où on pourrait voir de la compétitivité, Sabrina, Maxime et Claudia ont plutôt choisi de regarder les forces complémentaires. Car bien que la clientèle cible soit la même, Rose Maternité et Lait de poule ont leurs créneaux bien à eux.
« Je pense que le style et la créativité que Claudia apporte sont vraiment différents. Rose Maternité, je pourrais décrire ça comme étant classique minimaliste et Lait de poule on est plus osé; un côté un peu plus sexy, femme assumée », décrit la fondatrice de Rose Maternité.
« Je ne les ai jamais considérés comme de la compétition, malgré qu’on touche à la même clientèle, renchérit Claudia Chassé. C’est vraiment différent au niveau de l’ADN de l’entreprise. Je me disais que ça ferait un beau complément à ce que Rose Maternité offrait déjà. C’est vraiment la rencontre avec eux qui m’a permis de dire : OK, j’ai envie de leur laisser ce bébé-là entre les mains. » Si elle ne cherchait pas nécessairement à demeurer impliquée dans la suite de Lait de poule, Claudia affirme aujourd’hui qu’elle s’est déniché le plus bel emploi du monde. « Je ne suis plus toute seule à tout faire, on a une équipe. Je me concentre sur ce que j’aime faire; les collections et les communications et je leur laisse toute la paperasse ! » rigole-t-elle.

©Photo gracieuseté
Les boîtes ont graduellement envahi la résidence familiale.
Ensemble : voir plus loin
Certes, les deux entrepreneures sont bien différentes, mais chacune admire le travail de l’autre. « Lorsque tu réunis les forces ensemble, c’est là que ça devient puissant. Les deux filles peuvent partager leurs idées, leurs concepts, leurs visions », constate Maxime Daigle, qui se qualifie comme l’homme de service de l’entreprise florissante imaginée par sa conjointe et dans laquelle il a choisi de miser toutes ses cartes. Une décision qu’il ne regrette toujours pas, sept ans plus tard.
Pour Sabrina cela signifie de pouvoir élargir ses horizons et de combler les attentes et les besoins d’un plus grand nombre de clientes, tandis que pour Claudia, cela représente la possibilité de développer toutes ses « idées folles ». « Ils ont beaucoup plus de capacité et de moyens pour développer des trucs que je n’aurais pas pu faire avant », résume-t-elle. Car si la fondatrice de Lait de poule a vu son rêve s’égrainer, ce n’est pas faute de travail acharné ou d’amour de sa clientèle. C’est plutôt son choix de confectionner ses vêtements localement qui lui aura coûté la rentabilité de son entreprise durement bâtie.

©Photo gracieuseté
Comble du bonheur, Sabrina et Maxime ont trouvé un local à louer à quelques pas de la maison, à L'Assomption. D'abord locataire d'un espace de la bâtisse, ils sont aujourd'hui propriétaire de la moitié de l'immeuble depuis un peu plus d'un an.
Conçus ici, avec passion
Aussi noble soit-elle, l’idée de produire leurs collections au Québec a vite été rayée par Rose Maternité. « À la base, on était ouverts avec la production locale, mais pour être vraiment honnêtes, c’est super difficile », reconnaît Sabrina Lefebvre. Coûts élevés, difficultés de recrutement, Sabrina et Maxime ont vite constaté que ce modèle d’affaires ne leur laisserait qu’une maigre marge de profit; ce qui ne leur permettrait pas, de leur point de vue, de rémunérer convenablement leurs employés. Le couple compte aujourd’hui une petite équipe de quatre employés dans ses rangs dont il prend le plus grand soin.
« Toute la conception est faite ici, nuance toutefois Sabrina Lefebvre, mais pour la production finale, la plupart de mes fournisseurs sont en Chine. » Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Sabrina et Maxime précisent que la réalité a bien changé en Asie : « Il y a des standards pour les manufacturiers. Oui, c’est fait outre-mer, mais on s’assure que tout le monde est bien payé, on a des rapports d’inspection, les bureaux sont super beaux. ».
Pour le couple, ce modèle adopté pour Rose Maternité est présentement leur scénario idéal. Il leur permet notamment d’offrir des produits à coût abordable, des emplois de qualité et de se concentrer sur la fourniture d’un service à la clientèle irréprochable.
©Photo gracieuseté
Un espace d'entreposage occupe le rez-de-chaussée, tandis que les bureaux se trouvent à l'étage. Grâce à ce lieu d'affaires, Rose Maternité a pu poursuivre sa croissance.
L’humain derrière l’entreprise
À titre d’exemple, Maxime Daigle livre lui-même, en main propre, chaque commande effectuée par des clientes de L’Assomption. Inlassablement, il prend le temps le temps de les remercier de leur soutien à une entreprise de chez eux. « Il y a vraiment un contact humain qui se crée », se réjouit Sabrina Lefebvre. Réponses rapides aux courriels, note manuscrite et personnalisée pour chaque achat, cadeaux de fidélité; Rose Maternité redouble d’efforts pour créer et entretenir le lien de proximité qui l’unit à celles qui l’adoptent pour le style et le confort au quotidien.
Enfin, les économies réalisées via leur modèle d’affaires permettent à Sabrina et Maxime de redonner à la communauté. Au cours des derniers mois, ils ont eu la bienveillance d’offrir plus ou moins 123 000 $, au coût de revient, en produits qui trouvaient moins preneurs auprès de leur clientèle, à des organismes venant en aide à des femmes vivant une grossesse à risque ainsi qu’à des femmes en situation d’itinérance. « Encourager une entreprise locale, c’est de lui permettre de faire des actes comme ceux-là, qui ont un impact direct dans la société », conclut Maxime Daigle.
La première collection de Lait de poule 2.0 a été lancée dans les derniers jours, aux côtés de la collection printanière de Rose Maternité.

©Photo gracieuseté - Marie-Ève Rompré
Sabrina et Maxime ont encore des idées plein la tête... Ils nous confient d'ailleurs que de belles surprises sont à venir.
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